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l'EMDR dans le traitement des acouphènes subjectifs chroniques

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    Cabinet de TOMBEUR
  • 16 mai
  • 5 min de lecture
EMDR acouphene
EMDR et Acouphènes | Cabinet de TOMBEUR

EMDR dans le traitement des acouphènes subjectifs chroniques : une revue systématique


La thérapie EMDR (désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires) émerge comme une option prometteuse pour soulager la détresse liée aux acouphènes subjectifs chroniques. Des études cliniques récentes montrent que cette approche réduits significativement les symptômes chez environ 50 % des patients, avec des effets maintenus jusqu’à 3 mois après le traitement.



Comment fonctionne l’EMDR ?


Basée sur le modèle de traitement adaptatif de l’information, l’EMDR cible les souvenirs traumatiques ou les perceptions négatives associées aux acouphènes. En utilisant une stimulation bilatérale (mouvements oculaires, sons alternés), elle aide à retraiter ces schémas dysfonctionnels, à l’instar de son efficacité prouvée dans le stress post-traumatique





L’objectif de la revue systématique " EMDR in the Treatment of Chronic Subjective Tinnitus " a été d’examiner l’efficacité de la thérapie EMDR (désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires) dans le traitement des acouphènes subjectifs chroniques. En s’appuyant sur les mécanismes de l’EMDR, l’étude vise à proposer des recommandations thérapeutiques pour la prise en charge des acouphènes. La revue a été conduite selon les recommandations PRISMA, en utilisant les bases de données PubMed, Cochrane Library, PSYNDEX, PsycINFO et la Francine Shapiro Library.


Critères d’inclusion : études impliquant au moins deux patients adultes avec acouphènes subjectifs chroniques diagnostiqués, comportant des mesures avant/après traitement EMDR.


Résultats principaux : Deux études expérimentales (49 patients au total) ont été incluses. Dans l’une, la taille d’effet pré-post (Cohen’s dz = 0,72, effet moyen) a été calculée ; l’autre rapporte une amélioration significative chez 64,3 % des participants. Aucun effet indésirable n’a été signalé. L’EMDR apparaît comme un traitement efficace pour réduire la détresse liée aux acouphènes chez environ 50 % des patients, avec un effet maintenu à 3 mois. La recherche reste toutefois à un stade précoce.


Définition, prévalence et causes des acouphènes


Les acouphènes sont la perception d’un son en l’absence de toute source externe. Ils peuvent être subjectifs (aucune cause externe détectable, “sons fantômes”) ou objectifs (dus à des phénomènes internes comme le flux sanguin ou des contractions musculaires). La prévalence des acouphènes subjectifs est estimée entre 10 et 15 % chez l’adulte, et 8 à 20 % deviennent chroniques. Pour 1 à 3 % des patients, l’impact sur la qualité de vie est majeur.


Causes fréquentes : pathologies de l’oreille (perte auditive, neurinome, maladie de Ménière, traumatisme sonore, otospongiose), substances ototoxiques, troubles psychogènes (anxiété, dépression, trauma), troubles neurologiques (épilepsie, méningite, migraine, traumatisme crânien), troubles somatiques (ATM, colonne cervicale), maladies métaboliques (hyperthyroïdie).


Comorbidités et impact socio-économique


La détresse liée aux acouphènes est souvent associée à des troubles psychologiques : insomnie, difficultés de concentration, dépression, anxiété. Cela peut entraîner arrêts de travail, isolement social, évitement des activités quotidiennes et un coût sociétal considérable (estimé à 6,8 milliards d’euros aux Pays-Bas). Les facteurs prédictifs de ce coût incluent la sévérité, la durée, l’âge et la présence de symptômes dépressifs.


Traitements fondés sur les preuves


Les revues systématiques n’ont pas permis d’identifier un traitement uniformément efficace (TRT, TCC, rTMS, oxygénothérapie, thérapie sonore, appareils auditifs). Les recommandations européennes préconisent une approche graduée, débutant par la psychoéducation et des interventions audiologiques, puis la TCC spécialisée. Toutefois, une proportion notable de patients ne bénéficie pas d’une réduction suffisante ou durable de leurs symptômes.


L’EMDR dans le traitement des acouphènes


L’EMDR, développée par Shapiro en 1987, est validée pour le traitement du trouble de stress post-traumatique (TSPT). Son protocole en huit phases inclut la désensibilisation par stimulation bilatérale. Le modèle AIP (traitement adaptatif de l’information) postule que le cerveau peut retraiter les expériences traumatiques pour résoudre les symptômes. Les acouphènes, assimilés à une “douleur fantôme”, pourraient donc bénéficier de l’EMDR, comme cela a été montré pour les douleurs fantômes et les troubles somatoformes.


Méthodologie détaillée de la revue


  • Procédure de recherche : Recherche systématique (PRISMA) dans cinq bases de données, sans limite de langue ou de date, avec double vérification indépendante et recherche manuelle complémentaire.


  • Critères PICOS :

    • Participants : humains, acouphènes subjectifs chroniques diagnostiqués par un ORL, plus de deux patients.

    • Intervention : EMDR.

    • Comparateur : non requis.

    • Outcomes : mesures de la détresse liée aux acouphènes et de la qualité de vie.

    • Design : essais cliniques avec mesures avant/après ; les études de cas uniques sont exclues.


  • Extraction des données : Caractéristiques démographiques, critères d’inclusion/exclusion, taille de l’échantillon, outils d’évaluation, détails du protocole EMDR, résultats, sécurité.


  • Évaluation de la qualité : Utilisation du “Platinum Standard” (13 critères méthodologiques, score global et par domaine, voir tableau ci-dessous).


Évaluation de la qualité des études (Platinum Standard)

Critère méthodologique

Rikkert et al. (2018)

Phillips et al. (2019)

Symptômes cibles clairement définis

1

1

Mesures fiables et valides

1

1

Évaluateur indépendant et aveugle

0.5

1

Formation de l’évaluateur

0.5

1

Traitement manuelisé, réplicable, spécifique

0.5

1

Attribution aléatoire au traitement

0

0

Fidélité du traitement (contrôle d’adhérence)

0.5

1

Conditions non confondues

1

1

Mesures multimodales

1

1

Durée du traitement appropriée

1

1

Niveau de formation du thérapeute

1

1

Groupe contrôle inclus

1

1

Taille d’effet rapportée

1

1

Interprétation : Les deux études sont de qualité “bonne” (score >9), avec une méthodologie robuste, bien que l’attribution aléatoire fasse défaut.


Résultats détaillés des études incluses


Rikkert et al. (2018)

  • Protocole : EMDR standard, cibles : souvenirs liés aux acouphènes et expériences traumatiques associées à un sentiment d’impuissance.

  • Échantillon : 35 patients (19 hommes, 16 femmes, âge moyen 49 ans), acouphènes ≥ 6 mois, TFI ≥ 54.

  • Intervention : 6 séances hebdomadaires de 90 minutes.

  • Résultats : Amélioration clinique et statistique significative, taille d’effet moyenne (Cohen’s dz = 0,72), effets maintenus à 3 mois.


Phillips et al. (2019)

  • Protocole : EMDR adapté aux acouphènes, cibles : expériences liées aux acouphènes et traumatismes psychologiques associés.

  • Échantillon : 14 patients (7 hommes, 7 femmes, âge moyen 57 ans), acouphènes > 6 mois, THI > 38.

  • Intervention : 10 séances de 60 minutes.

  • Résultats : Amélioration clinique et statistique significative chez 64,3 % des participants, effets maintenus à 6 mois.

Sécurité : Aucun effet indésirable n’a été rapporté dans les deux études.


Discussion, limites et recommandations


  • Pertinence clinique : L’EMDR pourrait être particulièrement utile chez les patients dont les acouphènes sont associés à un événement traumatique ou à une détresse psychologique marquée.

  • Limites : Peu d’études, absence de randomisation, taille d’échantillon modeste, hétérogénéité des protocoles.

  • Recommandations pour la recherche future :

    • Réaliser des essais contrôlés randomisés de plus grande ampleur.

    • Standardiser les protocoles EMDR et les outils de mesure.

    • Examiner les sous-groupes de patients (notamment ceux avec un lien psychotraumatique).

    • Évaluer la persistance des effets à long terme.


Conclusion


L’EMDR est une option thérapeutique prometteuse pour réduire la détresse liée aux acouphènes chroniques, avec une efficacité démontrée chez environ la moitié des patients et des effets durables à moyen terme. La méthodologie des études existantes est solide, mais la littérature reste limitée. Des recherches complémentaires, notamment des essais contrôlés randomisés, sont nécessaires pour confirmer ces résultats et optimiser la prise en charge.




Luyten, Tine & Van Rompaey, Vincent & Van de Heyning, Paul & Looveren, Nancy & Jacquemin, Laure & Cardon, Emilie & Declau, Frank & Fransen, Erik & Bodt, Marc & Gilles, Annick. (2020). EMDR in the Treatment of Chronic Subjective Tinnitus: A Systematic Review. Journal of EMDR Practice and Research. EMDR-D. 10.1891/EMDR-D-20-00005.

HORAIRES 

Du Lundi au Samedi

de 7h00 à 20h00

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Cédric de Tombeur

Ostéopathe & Hypnothérapeute

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Tél. 02 40 19 21 59

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