Les mécanismes de l’apnée du sommeil.
Comprendre l’apnée du sommeil
(ameli.fr)
Nycturie, un facteur prédictif indépendant d’hypertension artérielle prévalente chez les patients souffrant d’un Syndrome d’Apnée Obstructive du Sommeil : Une étude de cohorte prospective nationale.
Depuis plusieurs années, il est bien démontré que le Syndrome d’Apnée du Sommeil Obstructif Sévère.(SAOS), est devenu un problème reconnu de santé publique, en particulier du fait de sa prévalence élevée et de ses conséquences cardiovasculaires. Il est en effet responsable d’une augmentation du risque cardiovasculaire, notamment pour l’hypertension artérielle (HTA), l’infarctus du myocarde, les troubles du rythme cardiaque et l’accident vasculaire cérébral (AVC).
L’étude de Marin et al en 2005 a confirmé l’augmentation d’incidence des événements cardiovasculaires létaux (infarctus du myocarde et AVC) (odds ratio 2·87, IC 95% 1·17–7·51)) et non létaux (infarctus du myocarde, AVC, pontage aortocoronarien et angioplastie coronarienne) (odds ratio 3·17, IC 95% 1·12–7·51) au cours du Syndrome d’#Apnée du Sommeil Obstructif Sévère.
Physiopathologie de l’atteinte cardio-vasculaire
Le Syndrome d’Apnée du Sommeil Obstructif Sévère correspond à la répétition d’épisodes de collapsus complets ou incomplets du pharynx au cours du sommeil. Ces événements respiratoires répétés au cours du sommeil ont quatre conséquences : survenue d’une séquence de désaturation-réoxygénation, la répétition est dénommée hypoxie intermittente, épisode transitoire d’élévation de la capnie, augmentation des efforts respiratoires entraînant un élargissement des variations des pressions intra-thoraciques négatives (inspiration) et positives (expiration), entraînant la survenue d’un microéveil terminant l’évènement obstructif par augmentation du tonus des #muscles des voies aériennes supérieures et d’une instabilité du #sommeil.
L’hypoxémie intermittente (HI) semble être le facteur majeur expliquant la mise en jeux des mécanismes impliqués dans la morbidité cardiovasculaire associée au Syndrome d’Apnée du Sommeil Obstructif Sévère. En effet, une exposition de deux semaines à une hypoxie intermittente chronique conduit à une augmentation de la pression artérielle chez des sujets sains
SAOS et Nycturie
La #nycturie est définit par un lever nocturne ou plus pour uriner. C’est un symptôme fréquent dont la prévalence croit avec l’âge, 27% des hommes de moins de 40 ans et 41,7% des hommes de plus de 60 ans). Sa prévalence est encore plus importante chez les patients souffrant d’un Syndrome d’Apnée du Sommeil Obstructif Sévère puisqu’elle est de 47,8%.
En effet, les variations de pression intra-thoracique et l’hyperactivation sympathique survenant au cours du Syndrome d’Apnée du Sommeil Obstructif Sévère, induisent une hyperexcrétion de peptide atrial natriurétique entraînant une baisse de la sécrétion d’arginvasopressine et donc un risque de polyurie et de nycturie. Cette relation est d’autant plus vraie que le Syndrome d’Apnée du Sommeil obstructif est sévère.
De plus, les données de la National Health and Nutrition Examination Survey III ont montré que la nycturie est un facteur prédictif majeur de mortalité. Cette augmentation de mortalité est très probablement due à l’association entre la nycturie et les morbidités cardio-vasculaires, telles que le diabète, les cardiopathies, les #AVC et l’#HTA.
La prévalence de l’HTA chez les patients présentant une nycturie est 10% plus élevée, avec un profil non-dipper. L’association entre nycturie et les maladies cardio-vasculaires persiste après ajustement sur le SAS et les autres facteurs confondant. Dans ce contexte, nous avons voulu déterminer si la nycturie est l’un des mécanismes responsable d’HTA dans le Syndrome d’Apnée du Sommeil obstructif sévère.
ETUDE :
La nycturie, un symptôme fréquent dans le syndrome d’apnée obstructive du sommeil (SAOS) est associée, dans la population générale, à une augmentation du risque d’hypertension artérielle (HTA) et de mortalité. Le rôle de la nycturie dans l’HTA dans le SAOS n’a pas été étudié.
Objectifs : L’objectif principal de l’étude était de déterminer si dans une population de patients souffrant d’un SAOS, la nycturie était prédictive de l’existence d’une HTA prévalente après ajustement des facteurs confondants.
Méthodes : Les patients SAOS participant à la cohorte nationale prospective de l’OSFP (Observatoire Sommeil de la Fédération Française de Pneumologie) ont été inclus. Une analyse multivariée des données anthropométriques, des co-morbidités ainsi que les données relatives au SAS (dont la nycturie) a été réalisée afin de caractériser les variables associées à une HTA prévalente.
Résultats : 22674 patients SAOS ont été inclus, dont 11332 patients hypertendus. La prévalence de l’HTA chez les patients SAOS est 1.3 fois plus élevée chez les patients présentant une nycturie, 61.45% des patients hypertendus ont une nycturie versus 46.52% des patients non hypertendus (p<0.001). De plus, il existe une relation significative entre l’HTA et le degré de sévérité de la nycturie, indépendamment de l’âge : 1 miction nocturne versus 0 : OR=1.284 (IC95%=1.184;1.393), 2 mictions nocturnes versus 0 : OR=1.270 (IC95%=1.175;1.372), 3 mictions nocturnes versus 0 : OR=1.422 (IC95%=1.293;1.565) et 4 mictions nocturnes versus 0 : OR=1.575 (IC95%=1.394;1.781). Cette corrélation est encore plus marquée chez les patients âgés de plus de 64 ans. Par ailleurs, les autres facteurs associés à une HTA prévalente sont l’âge, un IMC élevé et les co-morbidités cardio-vasculaires (coronaropathie, arythmie, accident vasculaire cérébral, diabète et dyslipidémie).
Conclusions : La nycturie est donc prédictive d’une HTA prévalente chez les patients SAOS. Cette relation est retrouvée quelque soit l’âge, avec un profil « dose-réponse ». La résolution de la nycturie après traitement par Pression Positive Continue (PPC) pourrait être un résultat important à prendre en compte dans la réponse de l’HTA à la PPC et du risque d’évènements cardio-vasculaire à long terme.
Marie Destors. Nycturie, un facteur prédictif indépendant d’hypertension artérielle prévalente chez les patients souffrant d’un syndrome d’apnée obstructive du sommeil : une étude de cohorte prospective nationale. Médecine humaine et pathologie. 2014. ⟨dumas-01103900⟩